Les gens veulent un retour à l’essentiel

Lettre parue dans courrier des lecteurs de 24H le 6 mai 2020

Excellente interview de la professeure Marie Santiago Delefosse dans 24h du 4 mai. Son enquête sur la situation actuelle et ses effets sur la population est remarquable. Après le choc de l’annonce et la déstabilisation qui s’en est suivie, beaucoup d’enquêtés ont remarqué dans le confinement qu’une autre vie est possible, plus satisfaisante, plus apaisante. Un recentrage sur soi, sur la famille. Faire autre chose que d’accumuler, que de s’agiter et de courir… La professeure cite : « plus de respect, plus de concentration sur les valeurs essentielles, plus de sens au travail, plus de temps pour vivre, plus de respect des écosystèmes, plus d’attention pour les produits locaux ». Un beau programme, souhaitable, nécessaire même… 

Toutefois à la question : « croient-ils vraiment que les choses vont changer ? », la réponse est bien timide, oui peut-être pour un temps, mais presque non à terme. Et ils ont hélas sans doute raison… Cette réponse est assez dramatique en fait, car on sait que notre mode de vie d’avant est ni soutenable ni souhaitable car trop inhumain (aussi bien pour ceux qui en profitent que pour ceux qui en souffrent, sans parler de l’impact innommable sur la planète). Comment s’en sortir alors ? 

La réponse tient peut-être dans le titre de l’article : un retour à l’essentiel. Notre société néolibérale nous a habitué à confondre les plans, à chercher la réalisation de soi dans l’accumulation des biens matériels. Or ces biens (on l’expérimente ces temps) sont fragiles, susceptibles de disparaître. Il faudrait opérer un retour à un essentiel réellement essentiel… Autre. A la fois en deçà, au-delà, et là, ici maintenant… Ca fait pas mal de temps que c’est essentiel-là a été exfiltré de notre horizon. Il est ressuscitable.