Qui suis-je ?

VIRGILE ROCHAT

Pasteur
Cure 4
1012 Lausanne

Curriculum Vitae

Ma vocation

On me demande souvent quelle est ma vocation, comment et pourquoi je suis devenu pasteur. Je vous en fais volontiers le récit. Lorsque j’étais adolescent, je voulais devenir instituteur… Malheureusement pour moi (ou heureusement?) je n’avais pas la moyenne suffisante pour intégrer l’Ecole Normale. Je visais dès lors l’Ecole Sociale (EESP) pour devenir éducateur. Il me fallait pour cela un certificat fédéral de capacité (CFC) et j’ai entrepris et mené à bien un apprentissage de maçon dans l’entreprise familiale. J’ai ensuite effectué le processus d’admission à l’EESP mais sans parvenir à y entrer. C’est alors que je me suis tourné vers la formation diaconale de l’Eglise protestante. Durant mon stage, à Aigle (VD), le pasteur responsable m’a en quelque sorte enjoint d’entreprendre la théologie pour devenir pasteur… J’ai longuement résisté (en serais-je capable?), puis finalement accepté cet appel !

Il m’a fallu d’abord obtenir le niveau du Bac, puis la faculté, le stage et finalement le ministère que j’ai commencé à 30 ans…

Vous direz peut-être : « Mais où est Dieu là dedans ? » … Sans doute dans une constante qui ne m’a pas quitté dès les débuts, celle d’animer, de « donner le l’âme ». Pour le jeune chrétien convaincu que j’étais, hyper engagé dans les groupes de jeunes (JP), il n’y a jamais eu d’autre appel que celui de m’inscrire dans la transmission de la foi… Cela aurait pu se faire comme maître d’école, éducateur, ou diacre. Cela s’est donné dans le pastorat, et plus particulièrement le ministère d’aumônier avec les jeunes et dans les cadres scolaires, et comme prédicateur.

Il y a donc là derrière une belle logique spirituelle qui ne m’a jamais quitté !

Je suis très reconnaissant au pasteur Fred Jaermann qui m’a permis de découvrir les trésors de la culture occidentale grâce à la théologie, cette discipline qui ouvre sur tant et tant de domaines : histoire, langues anciennes, psychologie, sociologie, anthropologie, etc…

Derrière tout cela se cachait une présence. C’est cette Présence qui m’a animé et qui m’a fait animer… communiquer…

Il prêche pour un printemps de la spiritualité

Portrait: Virgile Rochat, pasteur.

Image: PATRICK MARTIN

Par Gilles Simond

13.10.2015

Comme ses deux frères Roderich et Edwin, Virgile Rochat a reçu un prénom original. «Pour faciliter le travail du facteur», disait la maman, dans cette vallée de Joux où il fallait user de diminutifs ou de l’expression «celui à» pour distinguer un Rochat d’un autre portant le même nom de baptême tiré de l’Ancien Testament. Aujourd’hui, le pasteur Virgile Rochat reconnaît avoir eu, enfant, «un peu de peine» à porter le prénom, plutôt laïque, du poète de la République de Rome. Mais le jeune sexagénaire apprécie aujourd’hui faire référence à celui qu’il appelle l’«homme du printemps», lui qui, depuis toujours, espère et milite en faveur d’un «printemps pour la spiritualité».

En 1993 déjà, alors aumônier de jeunesse, Virgile Rochat faisait part de ses considérations sur la crise des grandes Eglises dans un ouvrage intitulé Les absents ont-ils toujours tort?, fruit d’une enquête menée auprès d’une cinquantaine de croyants. En 2012, il poursuivait sa réflexion à travers Le temps presse, qui élaborait des pistes pour revitaliser ces Eglises, face au vieillissement des participants aux célébrations religieuses. «Tout en accompagnant avec bienveillance tout ce qui existe déjà, il faut trouver de nouveaux espaces pour la spiritualité.»

Le silence, la méditation et les chants

Ses pistes? Le silence, la méditation, les chants de Taizé, des week-ends de réflexion avec de jeunes parents sur la question de la transmission aux petits. «Ce qui demeure un artisanat modeste.» Reste que chaque mercredi et certains dimanches, les «prières de Taizé» rassemblent les amateurs des chants répétitifs élaborés par la célèbre communauté œcuménique bourguignonne. «Jeunes et moins jeunes de tous les continents et de toutes les confessions» les entonnent assis par terre sur des moquettes, entourés de bougies*. «A travers ces méditations, on peut trouver la paix intérieure.»

Divorcé, père de trois filles adultes, Virgile Rochat se consacre à 50% à un ministère dans la région Lausanne-Epalinges. L’autre mi-temps, il l’exerce dans la paroisse lausannoise Chailly-La Cathédrale. Le 11 juillet dernier, c’est à lui qu’est revenu le triste privilège de prêcher lors de l’enterrement du cuisinier Philippe Rochat, Combier comme lui. Face à une cathédrale comble – 1200 personnes rassemblées dans une émotion unanime –, il s’est adressé aux décideurs en déclarant «qu’il ne sert à rien de gagner le monde entier si c’est pour y perdre son âme». Avant de préciser que Philippe Rochat, lui, justement, avait su conserver la sienne tout en se hissant au sommet.

Un esprit rebelle

Le pasteur Rochat, ancien timide qui a dû «combattre cette tendance» jusqu’à devenir pour certains une «grande gueule», reconnaît posséder un esprit quelque peu rebelle, voire rétif. Et son histoire de vie est en effet celle de quelqu’un qui a refusé de se glisser dans le moule taillé pour lui. Né dans une famille darbyste, nourri au lait d’un «Dieu qui juge», comme il dit, il lui a préféré le «Dieu de la grâce» des réformés. «Dans le milieu où j’ai grandi, la réponse à mes pourquoi était «parce que c’est comme ça», et je ne pouvais pas l’accepter.» Fils d’un entrepreneur en construction, il accomplira, comme ses frères, un apprentissage de maçon. Il lui en est resté «le goût de restaurer, de partir d’une ruine à mettre en valeur». Mais le jeune Virgile se rêvait instituteur ou travailleur social, histoire de «sortir de Vers-chez-Grosjean», du nom du lieu où se rassemblait la communauté.

Durant un stage comme animateur de jeunesse, il est repéré par un pasteur qui finit par le convaincre d’entreprendre des études de théologie. En Suisse, c’était exclu, alors Virgile Rochat est allé étudier à Montpellier, à Paris puis à Strasbourg, avant de retrouver son canton natal au début des années 1980. «Chacun est totalement et inconditionnellement aimé», répète-t-il toujours, après trente ans de ministère. «Mais l’Eglise d’autrefois, celle de la contrainte, doit céder la place à celle qui donne envie.» (24 heures)

(Créé: 13.10.2015, 09h15)