Courrier des lecteurs parus dans 24H, le 9 avril 2020
La violente crise que nous impose le virus ouvre sur deux dangers. Le premier, dramatique, déjà en cours, sans doute inévitable, va être le prix que vont payer les populations précarisées déjà victimes de l’injustice. Des centaines de millions de personnes sur terre dans des conditions sanitaires horribles, vont terriblement souffrir (et mourir) du virus. Dans nos pays, la chute vraisemblable des niveaux de vie va réorganiser assez profondément la manière de vivre, ce qui ne sera pas facile…
Mais le deuxième danger, non moins considérable, consiste à imaginer que cette crise, simple soubresaut d’une économie de croissance, sera rapidement dépassé et qu’on repartira comme avant, de plus belle, continuant de massacrer notre belle planète. Ce serait suicidaire et conduirait à des drames encore plus considérables.
Si le premier danger ne va pas être évité, le second menace. On constate hélas que notre société apprend peu de ses échecs. L’exemple de la crise de 2008, qui n’a été suivie d’aucun changement significatif, est hélas éloquent.
Existe-t-il une troisième voie ? Oui. Elle est proposée depuis des lustres par des scientifiques et des penseurs qui n’ont cessés de publier des textes qui ne demandent qu’à être mis œuvre. Le principe de base est simple, il consiste tout bonnement à cesser d’être monomaniaque de la croissance économique. De quitter cet « hubris », (orgueil démesuré) qui laisse croire que l’homme est le maître et qu’il pourra indéfiniment être vainqueur de tout ! En d’autres termes accepter ses limites et les limites de la planète. Ralentir, intérioriser, distinguer l’essentiel de l’accessoire…