le billet de l’echo magAzine

Echo-Mag : Mt 20,1-16 plus lisible…

Inversion.

Retournement.

Ce qui était en haut descend, ce qui était en bas est relevé

Celui qui était riche devient pauvre, celui qui était pauvre s’enrichit.

Celui qui était écarté vient au devant de la scène

Celui qui était dernier devient premier et celui qui était premier dernier…

Cette inversion, ce retournement des valeurs qu’apporte l’Evangile nous est magnifiquement décrit dans le texte proposé pour ce dimanche qui vient : la parabole dite des ouvriers de la onzième heure comme introduction aux valeurs du royaume de Dieu.

Concentrons-nous sur la figure du maître de maison

Ce maître de maison, le texte grec dit un homme, maître de maison (ça aura son importance) est un grand propriétaire. C’est un pater familias d’Orient avec tout le faste qui l’entoure et le respect qui lui est dû. Ce maître de maison a un comportement bien particulier. Il se lève alors qu’il pourrait rester affalé sur son divan. Il sort de chez lui alors qu’il pourrait envoyer des serviteurs. Il se le fait de grand matin, alors qu’il pourrait faire la grâce matinée. Et il le fera à quatre reprises tout au long de la journée pour n’oublier personne témoignant ainsi d’une générosité sans pareille. 

C’est tout à fait surprenant. Un cheikh ne procède pas de cette manière. Il y a ici une inversion, un renversement. Le maître de maison quitte sa dignité. Ce comportement est inhabituel pour un propriétaire terrien normalement désireux de rentabiliser au mieux son domaine… Il traitera son personnel embauché en premier selon la norme. Il sera donc juste, mais il fera preuve d’absolue générosité avec ceux qui arriveront après… 

Le soir venu, moment du bilan, il matérialisera sa générosité en inversant la logique qui aurait voulu que les premiers à l’ouvrage fussent rétribués d’abord… 

Décidément, on a à faire ici à un maître de maison bien particulier. Il fait tout de travers… il induit une inversion, un renversement des valeurs : les derniers avant les premiers, les faibles avant les forts… les oubliés avant les affirmés…    

Comment ne pas voir ici le Dieu d’amour qui se révèle en Jésus Christ ? Un homme : Dieu s’incarne, prend chair. Un Dieu maître de maison qui a un projet de vie commune et épanouissante pour tous. Un Dieu qui sort, qui vient à notre rencontre (un semeur sortit pour semer). De bon matin : faisant écho aux matins de la Genèse, mais en vue de créer un monde nouveau, de recréer le monde tel que voulu aux origines. Avec d’autres valeurs, des valeurs inverses à celles qui gouvernent notre société. Et un Dieu qui veut, (ni ne peut ?) faire tout seul. Un Dieu qui veut nous engager, nous mobiliser comme ouvriers dans sa vigne c’est-à-dire nous rendre acteurs de ce monde nouveau. Un monde basé sur logique nouvelle. Une manière de voir les choses non plus sur des valeurs de compétition, de concurrence et finalement de haine, mais basées sur la grâce, sur le don, sur la générosité.

C’est une image très forte de la grâce, grâce qui ne dépend pas des œuvres, mais de la bonté de Dieu… Grâce qui nous est faite jour après jour. En avons-nous suffisamment conscience ?  Nous laisserons nous mobiliser ? Il n’est jamais trop tard…

2 commentaires

  1. Nono

    Cette parabole me touche comme parent avec mes jeunes enfants. Les tâches domestiques qui leur sont attribuées ne sont pas toujours perçues comme équitables, et le mot « injustice » est parfois prononcé. Et c’est vrai. Il y a plusieurs types de justice; mathématique, selon les compétences, selon les faiblesses et les affinités. Pour s’y retrouver au mieux, le vigneron qui paie trop ses ouvriers du soir répond à une autre logique. Tout comme le père du fils prodigue qui se réjouit généreusement du retour de son fils, aussi paresseux et égoïste se soit-il montré. Puissions nous naviguer avec discernement avec ceux dont nous sommes responsables et également lorsque nous nous sentons oubliés par ceux qui nous semblent avoir un devoir envers nous. Merci Virgile pour ce partage.

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