La religion, c’est pouR les faibles

Méditation sur la cantate BWV 93 donnée à l’église St Laurent le 8 mai 2022 dans le cadre de Cantate et Parole :  “Wer nur den lieben Gott läßt walten” .

N’avez-vous jamais entendu autour de vous des personnes dire (avec un peu de dédain) : « la religion ? c’est pour les faibles. La foi ? pour les petits, les femmes et les enfants » ? Nietzsche, le fameux philosophe s’en était fait un fonds de commerce et forts nombreux sont aujourd’hui ceux qui affirment de même…

Bon, ce soir, ici, il faut bien le dire, quand on lit les paroles de la cantate (qui est une prédication de théologiens de l’époque, voir le texte ci-dessous), on peut avoir l’impression que la religion, la foi, la piété n’existent que comme soutien. Que la religion, la foi la piété ne sont qu’une gigantesque entreprise de réassurance face aux difficultés de l’existence… Les paroles proclament la grandeur de Dieu et demandent son secours dans la détresse. 

A décharge, si on peut dire, il faut tenir compte du fait que la vie au XVIIIe n’était pas une partie de plaisir. Et on sait même que Bach a eu passablement à subir et à souffrir de tous les côtés…  La vie des siècles d’avant pas plus facile et pas opus facile non plus celles des siècles d’après ! 

Et de nos jours ? 

Pas si facile que cela la vie. Un virus, une pandémie, et tout s’arrête. Une guerre à l’évolution incertaine tout près de nous. Mais aussi à l’échelle individuelle : un accident, un vilain diagnostique un divorce et patatras, tout est par terre…

Bien qu’on rechigne à l’accepter, un tant soit peu de réalisme nous contraint à nous rendre compte qu’en vérité, c’est vrai… nous sommes fragiles et faibles…  

Mais alors si la religion est faite pour les faibles… comme le dit Nietzsche, elle est donc faite pour nous ?

Et la faiblesse, au lieu de nous écraser devient la condition pour se relever.

Au lieu de fuir la faiblesse et la fragilité et de la dédaigner, peut-être s’agirait-il de l’investir, d’en retirer force et vie ? C’est un vrai trésor ! C’est en tous cas comme cela que l’envisage Alexandre Jollien dans son « Eloge de la faiblesse ». La faiblesse est la condition d’un progrès, d’un changement. Elle est brisure de quelque chose d’opaque par laquelle peut entrer la lumière… 

Dans la faiblesse, c’est bien connu, on a besoin de soutien et de courage, et pour cela on a besoin de mots. De mots à mettre sur nos maux… on a besoin d’images, de musique pour exprimer nos états d’âme, nos tristesses, nos révoltes. On a besoin de sens, de savoir si cela a un sens …

Tout cela, le trésor culturel de la religion nous le propose, nous le donne si on le prend. 

Et ce soir on est comblés. On vit, on expérimente, ce qui est chanté et joué.

Et c’est très riche, passablement de thèmes spirituels sont abordé, et certains avec étonnante modernité… A découvrir chez soi… et un petit rappel : « Jésus, dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades ».  Luc 5, 31

J.-S. Bach, Cantate – “Celui qui laisse Dieu régner sur sa vie”, BWV 93

  1. Chœur – Celui qui laisse Dieu régner sur sa vie / et espère en lui en tout temps, / sera miraculeu- sement protégé. / Par-delà toutes les douleurs et les tristesses, / celui qui fait confiance au Dieu très-haut, / n’a pas construit sur du sable.
  2. Choral et récitatif de basse – Qu’est ce qui nous aide dans nos gros soucis ?
    Ils ne font qu’oppresser le cœur d’un incessant tourment / de mille peurs et de mille chagrins. / Qu’est ce qui aide dans nos douleurs et lamentations ? / Il n’en résulte qu’amertume et inconvé- nients. / Qu’est ce qui nous aide chaque matin / pour se lever après les craintes du sommeil et nous endormir le soir le visage baigné de larmes ? / Nous vivons ainsi notre croix et notre souf- france / Au travers de tristesses toujours plus grandes. / Voilà pourquoi un chrétien fait bien mieux lorsqu’il porte sa croix avec tranquillité.
  3. Air (Ténor) – Il nous suffit d’attendre tranquillement l’heure cruciale / et notre Dieu bienveillant ne nous abandonne jamais. / Il prend fait et cause pour nous. / Dieu, qui connaît ses élus, / Dieu, qui se veut notre père, / détournera finalement toutes les souffrances / et apportera le secours à ses enfants.
  4. Duo (Soprano / alto) – Il connait les légitimes moments de joie / et il sait quand ils doivent survenir. / Lorsqu’il est convaincu de notre fidélité / et qu’il n’y découvre aucune hypocrisie, / Dieu vient à nous pour nous combler de ses bienfaits.
  5. Choral et récitatif (Ténor) – Ne pense pas dans la fournaise du tourment, / lorsque gronde le ton- nerre et que percent les éclairs, / lorsqu’un orage vient te remplir d’anxiété que Dieu t’a abandonné. / Dans la détresse la plus profonde, et même dans la mort, Dieu demeure auprès des siens et ré- pand sa grâce. Tu ne dois pas t’imaginer / que Dieu demeure les bras croisés. / L’homme riche, par exemple, qui jour après jour, semble-t-il, peut vivre dans la joie et le plaisir, / L’homme qui peut se complaire dans un bonheur incessant / et ne vit que des jours favorables, sont souvent contraint en fin de compte, après s’être divertis de mille réjouissances, de constater que « la mort est dans le pot ». / En effet le temps qui s’ensuit donne lieu à de profonds changements !Par exemple, bien que Pierre ait passé la nuit entière à pécher, / son travail est demeuré infruc- tueux, / il n’a pris aucun poisson, / mais la parole de Jésus, / suffit, elle, à remplir les filets. / Ainsi dans la pauvreté, les douleurs et les tourments, / ne te lasse pas de te fier à la bonté de ton Sei- gneur / et de garder la foi au plus profond de toi ; / Après la pluie, il répand les rayons de soleil / et désigne à chacun son but.
  6. Air (Soprano) – Je veux regarder au Seigneur / et toujours lui faire confiance. / Il est l’homme des miracles / qui peut rendre pauvres et petits ceux qui se croient riches / et rendre riches et grands ceux qui se savent pauvres.
  7. Choral – Chante, prie et marche sur les chemins de Dieu. / Accomplis ce que tu dois / en toute fidé- lité / et fais confiance à la riche bénédiction du ciel. / Ainsi elle se renouvellera toujours pour toi, / car celui qui place son assurance en Dieu, / Dieu ne l’abandonne jamais.

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