Vous avez peut-être entendu dire que M. Trump était reçu par une frange hélas non négligeable des évangéliques américains (ses électeurs) comme un nouveau Cyrus, c’est-à-dire un personnage éminent, un roi perse (régnant de 550 à 530 avant JC) utilisé par Dieu pour le bien des Hébreux. Attitude étonnante quand on sait les exigences puritaines des évangéliques et le niveau d’immoralité maximal du personnage Trump…
Pour comprendre les raisons pour lesquelles ces évangéliques-là voient les choses comme cela, il est nécessaire de faire un saut dans l’histoire du Proche Orient ancien. Autour des années 600 avant notre ère, le Roi babylonien Nabuchodonosor envahit Israël et déporte les élites à Babylone (597-586). Cinquante ans plus tard, un changement de régime donne la victoire au Perse Cyrus (538) qui libère les Hébreux. Ceux-ci donc peuvent, s’ils le désirent, retourner sur leurs terres… (c’est plus compliqué que ça mais le sens y est).
Cyrus, non hébreu, polythéiste et de fait impur aux yeux des Israëlites n’en n’est pas moins un instrument dans les mains de « Dieu » (Esaïe 45, 1). Il devient donc licite, voire nécessaire de soutenir Trump dans son soutien à Israël, quelles que soient ses frasques et filouteries car c’est lui, pensent-ils, qui va permettre aux Juifs d’entrer en possession de (toute ?) la terre d’Israël et donc au messie d’arriver…
Quelle horreur, quelle tristesse, quels dégâts humains sont en train de générer et vont encore générer cette lecture abrupte et non située dans son contexte historique. Lecture ô combien problématique des Ecritures.
On ne peut en effet que se désoler de voir cet usage littéral de certains passages de l’Ancien Testament. La Bible peut être lue de toute autre manière : De nombreux passages invitent à l’accueil, au soutien de l’Etranger, au soin de la veuve et de l’orphelin… au partage avec les nécessiteux, au respect de la nature et mille autres belles choses… Ce Dieu là n’est pas celui de Trump et ses supporters…
Virgile Rochat, pasteur