PUISQUE NOUS SOMMES AIMéS

Texte plus lisible : Billet Echo-Magazine pour le dimanche 11 août 2024

Puisque.

Puisque est une conjonction de subordination. Elle introduit un rapport de cause à effet. On peut la remplacer par : du moment que, comme, étant donné, dans la mesure, du moment que, parce que, vu que… Toutes ces définitions de « puisque » nous sont servies généreusement en ligne et décrivent remarquablement le sens de ce petit mot que nous utilisons sans même nous en rendre compte plusieurs fois par jour, puisque indiquant une cause connue ou évidente pour tous.

Pourquoi donc cette définition grammaticale dans ce billet sensé être théologique et spirituel ? Parce que cette conjonction joue un rôle central dans de le passage de l’épitre de ce jour. 

Que nous dit le texte ? C’est pour le moins exigeant : N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu (rien que ça !). Faites disparaître de votre vie amertume, irritation, colère, éclat de voix, insultes et toute sorte de méchanceté, pardonnez-vous les uns aux autres…. Et l’apôtre va même jusqu’à dire : « Imitez Dieu » !

On a envie de dire : N’en jetez plus, la cour est pleine ! C’est impossible, c’est même psychologiquement malsain que de s’autocensurer pareillement ou de se placer des objectifs inatteignables qui ne font que de nous enfoncer ou nous décourager.

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Mais (heureusement !) le texte ne s’arrête pas là. Au premier verset du chapitre cinq intervient cette fameuse conjonction de subordination : Puisque. « Puisque vous êtes ses enfants bien aimés de Dieu, vivez dans l’amour ! »

Ce puisque change tout. Puisque nous sommes les enfants bien aimés d’un Dieu d’amour, nous pouvons entrer -c’est une conséquence- dans un mode de vie différent. C’est du moment que nous sommes pardonnés que nous pouvons pardonner. C’est parce que le Christ a donné sa vie pour nous que nous pouvons aussi la donner pour les autres. C’est étant donné l’amour de Dieu, que nous pouvons faire disparaître de votre vie amertume, c’est dans la mesure de son amour, que colère, irritation, éclats de voix et toute espèce de méchanceté peuvent peu à peu faire place à la bienveillance, à la compréhension, au pardon et à la vie !    

Cette conséquence de la vie divine en nous est quelque part la particularité, la singularité de la foi chrétienne. Ce n’est pas un moralisme, une somme de contraintes, mais une circulation de vie et d’amour. Ce n’est pas un catalogue d’obligations à observer, (fussent-ils les dix commandements), mais un flux, quelque chose qui découle du cœur de Dieu.

On a trop souvent fait de la foi chrétienne une observance, un certain nombre de pratiques à mettre en œuvre pour tranquilliser sa conscience ou être du bon côté au jour du jugement. C’est une des causes du désintérêt pour la foi et de la désertion des églises.

Maurice Zundel, par sa notion de Dieu intérieur nous montre que l’exercice principal de la foi consiste à prendre conscience que nous sommes habités par plus que nous même. Que nous sommes invités à faire toujours plus place à la Présence. A nous distancer de notre besoin de nous justifier pour entrer dans la relation intime avec la Source. C’est ainsi que peu à peu s’opère en nous cette transformation intérieure qui fait de nous des femmes et des hommes nouveaux.

Nous en avons besoin, l’humanité en a besoin et Dieu lui même en a quelque part besoin aussi.      

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